Lancelot Pecquet, créateur de Will Strategy
Docteur Sorbonne Université en informatique diplômé en 2001, Lancelot Pecquet est un des nombreux docteurs à avoir répondu à l’enquête Docteur X Wanted® en 2009.
Nous l’avons recontacté et il a accompli son souhait de créer son entreprise. Retour sur son parcours atypique.
Lancelot Pecquet, pouvez-vous nous retracer les grandes lignes de votre parcours ?
A l’issue d’un double cursus mathématique et informatique, j’ai entrepris un projet doctoral sur la sécurité des systèmes d’information financé par un laboratoire de l’INRIA. Au sein du Projet CODES, j’ai plus particulièrement travaillé sur des méthodes à l’interface des mathématiques et de l’informatique - théorie algorithmique des nombres, géométrie algébrique effective -, permettant de reconstruire des messages numériques qui auraient été altérés ou cryptés. Au cours de ces quatre années, je suis parti plusieurs mois à l’étranger, principalement aux USA et en Australie. A la suite de ma soutenance, je suis devenu ATER* en informatique à l’université Paris XII, puis maître de conférences à l’Université de Poitiers. En 2005, j’ai commencé à m’interroger sur la suite à donner à mon parcours. Après plusieurs mois d’introspection, de nombreuses rencontres et la réécriture de mon CV, j’ai décidé de trouver un métier combinant l’analyse et la résolution de problèmes complexes avec le travail en équipe pour mener à bien des projets concrets à forts enjeux. J’ai prospecté dans le secteur du conseil en stratégie et management. Finalement, un jeune cabinet, Stance Partners m’a contacté. Dès le premier rendez-vous avec les fondateurs, j’ai tout de suite apprécié les valeurs de cette entreprise. J’y suis resté cinq ans et Stance a joué un grand rôle dans la création de Will.
Quand vous avez rempli l’enquête Docteur X wanted, vous aviez l’intention de créer une entreprise. Trois ans plus tard, vous l’avez fait, comment ce projet a-t-il abouti ?
J’avais toujours eu envie de monter une entreprise mais il m’a fallu longtemps avant d’oser. Le projet concret de créer un cabinet de conseil en stratégie a commencé à prendre forme en 2010, lors d’une formation à l’INSEAD. Je me suis alors mis à étudier en détail le marché du conseil en stratégie et en management. J’ai essayé de comprendre les aspirations et insatisfactions des clients et de construire une offre originale et attractive, viable économiquement. Cela m’a pris des mois de travail pour faire émerger les fondamentaux de l’entreprise et finalement me sentir prêt à lancer le cabinet Will en 2011, à partir d’un constat : dans notre monde connecté, globalisé, accéléré, les défis auxquels les entreprises et autres organisations font face sont de plus en plus complexes. Pour décider et agir efficacement, il leur faut considérer les interrelations de plusieurs secteurs d’activités, de plusieurs fonctions, de plusieurs cultures, dans un contexte d’incertitude accrue. Notre valeur ajoutée consiste à trouver des intervenants de confiance, aux compétences pertinentes et complémentaires de celles de notre client, à animer et faire aboutir la réflexion dans des délais contraints puis à aider à superviser l’exécution de la stratégie retenue. Pour cela, nous nous appuyons sur un réseau d’environ 200 consultants et experts indépendants ou appartenant à des cabinets partenaires. En fonction de chaque situation, nous mettons en oeuvre une sélection de méthodologies adaptées en stratégie et management, pour certaines, classiques, pour d’autres issues de notre R&D.
Quel est votre rôle au sein de ce cabinet ?
En tant qu’associé, mon rôle principal consiste à être auprès des clients pour écouter leurs besoins et leurs remarques, à être impliqué sur le terrain pour que le résultat soit à la hauteur de leurs attentes. La création et la direction d’entreprise sont des exercices où l’humilité et la confiance en soi doivent trouver leur juste place. Il faut réussir à maintenir un cap tout en sachant s’adapter : ce n’est pas facile mais c’est passionnant !
Selon vous, quels sont les avantages d’avoir un doctorat sur le marché du travail ?
Dans la tradition du marché du travail français où l’on aime bien les étiquetages faciles et définitifs, le doctorat peut enfermer dans la catégorie « spécialiste de… » et aveugler un employeur sur la capacité du docteur à faire autre chose que fournir une expertise dans un domaine pointu. Je crois qu’il y a là une différence avec ce qui se passe dans d’autres pays du monde où le PhD est aussi perçu comme la démonstration d’une puissance de travail, d’une volonté et d’une capacité à aller au fond des choses. Avec cette perspective, le PhD peut être fortement valorisé sur le marché du travail, y compris au-delà de la R&D ou du domaine de spécialité. Par ailleurs, l’évolution rapide des nouvelles technologies et l’accélération de l’économie mondiale s’accompagnent d’un fort besoin de spécialistes de haut niveau pour innover plus vite, plus fort et créer des avantages compétitifs. Pour cette raison, et aussi parce que la compétition pour les talents est désormais globale, il me semble vraisemblable que le PhD, français soit revalorisé, y compris sur le marché national. Personnellement, en tant que recruteur, j’attends d’un profil docteur de la curiosité, de la rigueur, de la persévérance, de l’ouverture d’esprit au-delà de sa spécialité avec une envie et une capacité de partager.
*Assistant temporaire en enseignement et recherche
Propos recueillis par Claudine Prieur en juin 2012.
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